Plaisanterie
L'idée est lancée quand Benoît découvre par
hasard un site Internet proposant des bateaux de grand voyage en
kit. C'est le début des vacances d'été et Frédérique va passer six
semaines sur la petite île de Sakatia (ça ne vous dit rien ?) au
Nord-Ouest de Madagascar. Les premières idées du projet sont
discutées sur le ton de la plaisanterie, mais chacun se souvient
en lui-même, des quelques mois merveilleux passés dans le monde
des "globe-floteurs" en hiver 1999 à Richards-Bay en Afrique
du Sud
Mais les discussions en restent là, Frédérique part
pour Sakatia et Benoît reste en Suisse à travailler !
Réflexion
Benoît, seul en Suisse, étudie de façon chiffrée la
faisabilité financière du projet. Pendant ce temps, Frédérique
discute avec les "tourdumondistes" qu'elle rencontre à Sakatia.
Chacun, à 8000 km l'un de l'autre, est en train de transformer cette
idée folle en un véritable projet. Quand Frédérique rentre en Suisse,
ses idées sont on ne peut plus tranchées :
"Je te laisse le choix : soit je retourne définitivement sur
Sakatia, et tu peux venir avec moi, soit ce bateau, on le commande
avant Noël et dans quelques années on quitte cette société
de cinglés !" Dit-elle sur un ton quin'a plus rien à voir
avec le ton plaisantin d'il y a 6 semaines.
Benoît
est en vacances pendant une semaine à la fin août. Le nom est déjà
trouvé : Sakatia Dream. Les idées prennent forme, les caractéristiques
principales semblent s'imposer d'elles-mêmes sans grandes discussions
: ce sera un monocoque d'environ 43 pieds (12m) et salon de pont.
Quand Benoît a découvert le site Internet proposant un bateau "en
kit", nous ne connaissions pas encore les salons de pont, mais ce
fut immédiatement et tacitement décidé que le nôtre
en serait un ! Avec ces premières briques du projet, les premières
esquisses des aménagements intérieurs sont dessinées avec les crayons
de la marque "Woody", nom d'un ami de Frédérique qui retape un catamaran
sur Sakatia et avec qui elle a beaucoup discuté lors de son séjour
à Mada. C'est lui aussi qui peut être fier de nous avoir donné la
première pièce du bateau : un mousqueton de bonne taille
en inox. Merci Woody !
Pendant que Frédérique était à Sakatia, nous avons reçu une documentation
des fameux bateaux en kit. C'est une petit chantier proche de Paris
qui construit, à n'importe quel degré de finition, un bateau de
grand voyage en polyester : le TDM 43. Nous apprenons par le même
courrier que la première coque de la nouvelle version (dériveur
lesté) vient d'être livrée chez un Suisse habitant dans le
haut d'Yverdon soit à 20 minutes de chez nous. Nous profitons donc
de cette semaine de repos pour rendre visite à Jean-Marc,
l'heureux propriétaire d'Oxygène TDM 43 no 1. Perdu dans un petit
village paysan vaudois, Oxygène se cache dans un immense hangar
provisoire qui impose le respect par ses dimensions : 15 mètres
de long, 6 mètre de larges et à vue de nez facilement 6 mètres de
haut. Et dire que Jean-Marc l'a construit seul !
Dès
que nous pénétrons dans le hangar, nous sommes subjugués par la
taille de la coque. On avait bien navigué l'automne passé en Corse
sur un Dufour 30, mais voir une coque de 43 pieds hors de l'eau,
c'est quelque chose. Dedans, l'impression de grandeur est maintenue,
il faut dire que la coque est complètement nue à l'intérieur,
Jean-Marc étant en train de finir le hangar. Il nous explique qu'actuellement,
la coque a encore le pont, mais dès qu'il aura fini le hangar,
il tracera les différentes cloisons puis il soulèvera le pont pour
pouvoir travailler plus facilement à l'intérieur du bateau. Une
fois les aménagements terminés, il suffira de refermer la boîte
!
Pendant ce temps-là, la femme de Jean-Marc et sa fille de
18 mois nous ont rejoints, et c'est tous ensemble que nous passons
à la cuisine pour un café qui nous remettra de nos émotions. Nous
apprenons plein de choses sur la construction amateur, nous découvrons
le magazine Loisir Nautique et ses hors séries. Nous mettrons peu
de temps à nous y abonner! Le retour se fera en silence, mais nos
cerveaux travaillent à plein régime. Frédérique trouve le cockpit
un peu petit, mais nous pensons avoir trouvé la perle rare.
Stéphane, un ami plongeur et ancien responsable d'une grande école
de voile française, est on ne peut plus emballé par notre
projet, mais le bateau le laisse quelque peu indifférent. Il nous
suggère très judicieusement d'étudier d'autres voies :
"Pourquoi pas l'occasion ?", nous dit-il en nous montrant des offres
de bateaux dans le dernier Voiles&Voiliers. "Vous n'avez qu'à
emprunter de quoi acheter le bateau et de le retaper, puis vous
bénéficiez du bateau pendant que vous rembourserez l'emprunt. L'argent,
ce n'est rien d'autre que du matériel avec lequel on peut travailler
!". M'ouais, c'est facile à dire pour un banquier, mais nous, acheter
des trucs à crédit, ça ne nous inspire pas trop. Néanmoins, le bougre
arrivera quand même (merci Steph!) à nous inciter à chercher sérieusement
d'autres possibilités. Nous allions de toutes façons le faire, mais
sans grande conviction. Histoire de pouvoir dire, c'est le meilleur
que nous avons choisi, nous le savons, nous avons regardé
ailleurs.
Durant les semaines suivantes, nous recevons de la documentation
de l'incontournable Méta (Antoine, les Joshuas...) ainsi
que 5 ou 6 autres à qui nous avions téléphoné,
dont le chantier Dujardin. Nous prenons rendez-vous pour un samedi
après-midi de la fin octobre avec le chantier des TDM 43. Nous aurions
voulu aussi pouvoir visiter Méta dans la foulée, mais ceux-ci
ne pouvaient pas nous recevoir à ces dates. Alors, une semaine avant
de partir pour le sud de Paris, nous prenons rendez-vous avec le
chantier Dujardin près de Rouen. Dans un premier temps, nous
avions éliminé ce chantier car trop cher. Mais comme ce n'est
qu'à une heure et demie de Paris, nous nous sommes dit que cela
ne nous coûtait pas grand chose d'aller le visiter.
Le 28 septembre, nous voilà donc chez Nauticomposites chez
Jules Selma. Un TDM est en construction dans les hangars ! Après
une visite des lieux et une bonne heure de discussion, nous sommes
encore plus convaincu que voilà notre futur bateau.
Le lendemain, à la première heure, nous allons quand
même voir le chantier Dujardin....et là....catastrophe...toutes
nos belles certitudes s'écroulent à peine nous avons
gravi le dernier échelon pour monter sur l'Atlantis actuellement
en finition de fonderie! Quel espace sur cette jupe! Quelle géniale
petite porte qui permet d'entrer dans le cockpit sans rien enjamber!
Quel cockpit immense! Quelle descente bien pensée, qui peut
se fermer hermétiquement! Quelle impression de solidité!
...Nous restons sans voix, devant cette masse d'aluminium qui semble
invulnérable.
La discussion qui suit, nous montre encore d'autres aspects très
positifs: Possibilité d'adapter la construction à
nos plans (hublots, entrées et sortis d'eau..),degré
de finition à choix, contrairement au TDM, toutes les parties
stratégiques sont terminées (dérive, safrans,
cadènes
), enfin, l'intérieur ne doit pas être
structurel. En fait, seul le budget "un peu" plus lourd,
nous empêche de le commander sur le champs..
Sur le chemin du retour, nous refaisons cent fois des comptes.
Par chance, un coup de main d'un papa - peut-être inquiet
pour ses futures petits enfants ?!? (l'alu c'est bien plus solide
que le plastique !) - nous permet d'aller plus loin dans cette direction.
Le vendredi 9 novembre, nous allons quand même visiter le
fameux chantier Meta près de Lyon. Nous sommes reçus
par le patron M. Fricaud. Ce grand père, débordant
d'énergie et d'idées, est captivant. Hélas
ses bateaux ne sont pas beaux et mal finis. Ils ont des formes très
anguleuses dues à leur mode de construction (alu épais
= STRONGALL = indestructible).
Le 11 décembre, nous commandons un Atlantis 430.
La construction commencera en octobre.
Le 29 décembre, nous descendons à la Haye Malherbe
pour régler les derniers détails des plans, et là,
surprise, Mr Poteau nous entraîne dans son hangar pour nous
montrer les premières membrures ainsi que la semelle de fond
de notre bateau. SAKATIA DREAM est né! Hé oui, en
attente des plans pour un autre bateau qui aurait du être
fait avant nous, le chantier à commencé le nôtre
qui pourra nous être livré en été, soit
environ avec une année d'avance!!! Fantastique!!!
A Pâques, nous retournons le voir et là, il ressemble
déjà à ce qu'il sera. Nous rajoutons l'achat
par le chantier des hublots, de certaines parties d'accastillage
(pour qu'il fasse les trous de la bonne grandeurs et au bon endroit
!!!) ainsi que la peinture de la coque qui nous semble un travail
impossible pour des amateurs.
Nous commençons alors à nous préoccuper du
transport et du dédouanement ...ainsi que de compléter
l'équipage !
Pour le transport, l'offre la moins chère nous a été
proposé par la maison Augizeau .Nous prenons donc contact
avec elle. Le dédouanement se fera avec Saima SA.
Après quelques très petits retards du chantier et
une longue attente du feu vert d'Augizeau, la coque qui devait être
finie fin juin partira le 1er août. Dimanche soir, le 4, nous
ne pouvons résister à aller jeter un coup d'il
à notre bateau en attente sur le parking de Vallorbe. Le
5, au matin, elle passera la douane sans aucun problème et,
avec Frédérique pour ouvrir la route, (Augizeau ayant
oublié d'avertir la police suisse...), c'est à 90km/h
sur l'autoroute que nous descendons vers Crissier ! Je vous jure
que s'est impressionnant! A la sortie, la police est quand même
là pour bloquer les 2 ronds points devant Conforama et permettre
à Sakatia Dream de rejoindre ainsi son abri pour les 5 !?!
ans à venir. Quelques minutes après, Friderici arrive
avec sa grue de 30 tonnes et 45 min après le bateau est posé.
Beau travail de tout le monde: merci aux chauffeurs(très
gentils et débrouilles) et au grutier.
Plein d'entrait pour commencer nos aménagement : mauvaise
surprise, le scotch de carrossier mis sur le pont pour ne pas peindre
les parties qui seront en anti-dérapant, n'a pas été
enlevé et après 2 mois de soleil et de pluie.....il
nous faudra environ 50 heures de boulot pour en venir à bout...On
aurait bien commencé par un boulot plus sympa...
Suivez la construction de Sakatia
Dream étapes par étapes.
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